À la recherche de la Gentiane amère en Normandie orientale

le 05 nov 2021
Gentianella amarella

La Gentiane amère (Gentianella amarella), espèce protégée au niveau national, est aujourd’hui considérée comme disparue en Normandie orientale. Néanmoins, l’absence actuelle de cette espèce en Normandie orientale peut paraitre étonnante pour deux raisons :

  • Gentianella amarella est actuellement présente en Normandie occidentale (Calvados, Orne, Manche), ainsi que dans les Hauts-de-France (Somme, Pas-de-Calais), notamment sur des pelouses calcicoles mésohygrophiles (cuesta du Boulonnais, plaine d’Argentan), biotope bien représenté en Normandie orientale, notamment à l’est du département de Seine-Maritime.
  • Gentianella amarella a été régulièrement signalée par le passé sur le territoire. Cependant, on sait aujourd’hui qu’une partie au moins de ces observations étaient erronées. C’est par exemple le cas des observations de Turquier de Longchamps qui, dans sa Flore des environs de Rouen (1816), qualifie l’espèce de commune. Les échantillons de son herbier, réexaminés plus tard par Blanche, se révèleront être du Gentianella germanica, espèce que Turquier de Longchamps ne signalait pas dans sa Flore.

Nous avons donc entrepris une recherche ciblée de cette espèce dans l’Est du département de Seine-Maritime. 12 sites ont été visités entre le 1er et le 29 septembre. Les prospections ont été réalisées par le CBN, mais également par Jean-Paul Legrand, botaniste domicilié dans la région dieppoise. Les coteaux ayant fait l’objet d’observations de Gentianella div. sp., le plus souvent G. germanica, ont été prospectés, avec l’hypothèse que parmi ses stations certains individus ou populations de Gentiane amère auraient pu passer inaperçus.

Malheureusement l’espèce est restée introuvable, l’observation des critères portant sur la longueur de la corolle et sur le rapport de longueur sépale/tube calicinal (cf. Flora gallica) ont en effet conduit systématiquement à Gentianella germanica. La vigilance du réseau de botanistes normands reste cependant toujours requise sur cette espèce. Son observation par le futur serait une fort belle (re)trouvaille !

Photo : Gentianella amarella - J.-C. Hauguel