Il était une fois...

Vue aérienne du CRP dans les années 80

En 1970, les professeurs Jeanne GÉHU-FRANCK et Jean-Marie GÉHU s’installent dans une ancienne ferme flamande au Hameau de Haendries, à Bailleul.
Leur intention : accueillir des chercheurs du monde entier autour d’une discipline scientifique alors peu connue en France : la phytosociologie.
40 années plus tard, fidèle à ce projet initial, le CBN de Bailleul, Centre régional de phytosociologie depuis 1987, poursuit ses travaux scientifiques tout en assurant leur application dans la gestion des espaces naturels et la sensibilisation de tous les publics à la biodiversité.

Les époux GÉHU, aidés de leur équipe scientifique, s’appuient sur les observations des populations et communautés végétales du nord de la France mais développent et animent un large réseau de scientifiques à l’échelle internationale.
Peu à peu, au fil des années 1980, les connaissances s’affinent, les réseaux se structurent, et la ferme de Bailleul devient progressivement une référence en termes de documentation spécialisée sur la phytosociologie (et disciplines connexes).

En 1987, l’association de chercheurs devient officiellement le Centre régional de phytosociologie - CRP - (association loi 1901), ce qui offre une plus grande visibilité à cette discipline scientifique, qui nourrit progressivement des concepts plus larges tels l’écologie, concepts qui valorisent et étudient l’interdépendance des êtres vivants et de leur habitat.
Complémentaire de la botanique, qui étudie les « taxons » ou espèces individuellement, la phytosociologie étudie les rapports entre les individus, ces espèces végétales, et leur habitat.

À la fin des années 1980, l’association CRP est déjà soutenue par les collectivités territoriales pour son activité d’intérêt général ; elle regroupe les membres suivants :

  • le Conseil régional du Nord - Pas-de-Calais (actuellement Hauts-de-France) ;
  • les Conseils départementaux du Nord et du Pas-de-Calais ;
  • la Ville de Bailleul.

Dans la continuité des objectifs initiaux, le CRP se fixe comme mission de favoriser à l’échelle régionale, nationale et internationale la connaissance de la flore et de la végétation, notamment au moyen de la phytosociologie.
Des travaux qui permettent le recueil de toujours davantage de données sur les espèces et les communautés végétales observées et leurs milieux, et qui enrichissent en permanence le fonds de la bibliothèque de phytosociologie, tant via de nouvelles publications que via des dons ou legs.

En 1991, le CRP est agréé Conservatoire botanique national de Bailleul par le Ministère chargé de l’environnement pour le territoire des Hauts de France et de la Normandie orientale (ex Haute-Normandie).

Il élargit ainsi ses missions initiales à la connaissance, à la conservation et à l’information des publics sur la flore et la végétation.
En 1995, 2000, 2008 et 2015, l’agrément Conservatoire botanique national est renouvelé par l’État.

Aujourd’hui, le Conservatoire botanique national de Bailleul compte une cinquantaine de salariés.

Les données recueillies sont toujours plus complètes et leur exploitation, notamment via la base de connaissances Digitale2, permet désormais des analyses plus complexes : les informations relatives aux biotopes et aux conditions d’observation constituent des indicateurs contextuels qui qualifient les observations et les connaissances liées à chaque plante.

Le CBN de Bailleul participe à de nombreux travaux ou dispositifs de coopération visant à harmoniser ces données à l’échelle nationale et internationale, notamment via le Muséum national d’histoire naturelle, le réseau des sites Natura 2000, et l’Agence française pour la biodiversité.
L’impact de l’exploitation de ces données et de l’expertise du CBN de Bailleul dans la conduite de politiques publiques ou privées d’aménagement est aujourd’hui croissant, que ce soit dans l’objectif de préserver des espèces végétales, de développer des trames vertes ou bleues ou d’autres politiques environnementales de l’État et des collectivités territoriales ou encore d’encadrer la lutte contre des espèces exotiques envahissantes.
Ces dernières années le démontrent : la pression de certaines activités humaines sur les enjeux liés à la biodiversité, confirment la pertinence et la richesse des apports scientifiques qu’apporte la phytosociologie et ses développements récents.