Tableau de bord flore et végétation
Pour évaluer l’état de la flore sauvage et de la végétation de son territoire et les protéger, le CBN de Bailleul utilise des indicateurs, les surveille, les met à jour. Exemple : la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Quelques indicateurs :
- Nombre d’espèces protégées par département de la Picardie
- Un quart de la flore sauvage de Picardie menacé
- Indigénat et diversité de la flore régionale Picarde
- Rareté et raréfaction de la flore régionale Picarde
- Les espèces exotiques envahissantes en Picardie
- La richesse floristique de la Haute-Normandie
- Les statuts d’indigénat de la flore de Haute-Normandie
- Les niveaux de rareté de la flore de Haute-Normandie
- La flore menacée de Haute-Normandie
- La flore disparue de Haute-Normandie
- La flore protégée de Haute-Normandie
- Les espèces exotiques envahissantes en Haute-Normandie
- Nombre d’espèces de plantes pour le Nord-Pas de Calais en 2013
- Nombre d’espèces rares dans le Nord-Pas de Calais en 2013
- Statuts de menace des plantes du Nord - Pas-de-Calais en 2013
- Statuts de menace des associations végétales du Nord - Pas-de-Calais en 2013
- Nombre de données dans DIGITALE
Nombre d’espèces protégées par département de la Picardie
Les listes de plantes protégées ont été établies au niveau national en 1982 (arrêté du 20 janvier 1982 modifié par l’arrêté du 31 août 1995) puis en 1989 au niveau régional (arrêté du 17 août 1989).
Les listes de plantes protégées doivent permettre d’identifier et de prévenir la destruction de plantes sauvages effectivement menacées de disparition et de prévenir la disparition des milieux naturels où croissent ces plantes. Ainsi, les espèces sélectionnées dans la liste régionale en 1989, en complément de la liste nationale, sont caractéristiques de l’ensemble des biotopes menacés de Picardie (pelouses calcaires, sableuses, acides, landes, tourbières, marais, roselières, étangs, forêts, littoral…).
21 espèces inscrites sur les listes de protection sont malheureusement considérées comme disparues de la région. Parmi celles-ci, 11 espèces étaient encore présentes dans la région lors de la mise en place des arrêtés réglementaires.
Ceci montre bien qu’un statut de protection n’est pas suffisant pour assurer la préservation des plantes sauvages si des mesures actives de conservation ne sont menées parallèlement. Afin de permettre une meilleure préservation de ces plantes, des outils d’alertes sont désormais disponibles comme la carte de présence d’espèces protégées sur les territoires communaux.
Source : HAUGUEL, J.-C. & TOUSSAINT, B. (coord.), 2012. – Inventaire de la flore vasculaire de la Picardie (Ptéridophytes et Spermatophytes) : raretés, protections, menaces et statuts. Version n°4d-novembre 2012. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul Société Linnéenne Nord-Picardie, mémoire n.s. n°4, 132 p. Amiens
Un quart de la flore sauvage de Picardie menacé
L’évaluation des menaces des 1 433 plantes indigènes de Picardie selon la méthodologie de l’UICN montre que 25,8 % des espèces sont considérées comme menacées, soit un peu plus du quart de la flore régionale inscrite à la liste rouge régionale. Parmi ces espèces, 72 d’entre elles, classées CR, risquent une extinction totale de leurs populations dans les prochaines années et 111 autres espèces, classées EN, présentent un risque élevé de disparition à moyen terme. Par ailleurs, la préservation de 178 espèces, classées VU, implique une attention particulière quant à la gestion de leurs biotopes afin que leurs populations respectives ne se réduisent pas. Enfin, 155 espèces, classées NT, présentent des risques potentiels d’altérations de leurs populations dans les années à venir.
Ces chiffres sont comparables avec les régions de plaines voisines. Ainsi, 26 % de la flore d’Île-de-France figure dans la liste rouge tout comme 24 % dans le Nord-Pas de Calais et 26 % en Haute-Normandie.
Les facteurs influençant l’évolution des populations des espèces végétales sont nombreux, qu’ils soient préjudiciables à la flore (déprise et intensification agricole, urbanisation, artificialisation des territoires, pollution des eaux...) ou favorables (actions de conservation des sites et des espèces, gestion écologique des espaces naturels). Ainsi, il est possible d’identifier les grands types de biotopes porteurs d’enjeux pour la conservation de la flore sauvage de Picardie. Dans la figure ci-dessous, les plantes indigènes menacées de la liste rouge de Picardie sont rassemblées par grands types de biotopes.
Cette analyse montre l’importance majeure des zones humides dans la conservation de la flore sauvage régionale puisque 123 espèces menacées y vivent, soit un tiers des espèces de la liste rouge. A ce chiffre peuvent être ajoutées 60 espèces considérées comme disparues dans ces zones humides sur les 184 espèces disparues au total de Picardie.
Les pelouses et ourlets calcicoles (végétations des larris ou savarts en picard) constituent le second grand type de biotope abritant des plantes menacées, avec 67 espèces inscrites à la liste rouge. Enfin, il convient de noter que les champs cultivés recèlent une flore indigène fortement menacée puisque 53 espèces de la liste rouge vivent dans les cultures (plantes messicoles).
Une analyse plus fine, menée à une échelle départementale, montre également que :
- la proportion de plantes menacées des landes et pelouses sableuses est la plus importante dans l’Aisne et dans l’Oise, alors qu’en valeur absolue, ce sont les plantes des zones humides et des coteaux calcaires qui sont plus menacées. Cet indicateur témoigne d’une plus grande fragilité des milieux de landes et pelouses sableuses ;
- les proportions de plantes menacées dans les zones humides, les coteaux calcaires et les forêts sont sensiblement les mêmes dans les trois départements de Picardie, ces milieux naturels subissant les mêmes types de pressions et de menaces ;
- le cortège des plantes littorales est considéré comme particulièrement menacé dans le département de la Somme, bien que le littoral soit actuellement relativement bien préservé, notamment grâce aux actions menées par le Conservatoire du littoral et au statut réglementaire du domaine public maritime. Cependant, ces plantes sont fortement spécialisées et nombre de leurs populations présentent des effectifs très faibles.
Source : HAUGUEL, J.-C. & TOUSSAINT, B. (coord.), 2012. – Inventaire de la flore vasculaire de la Picardie (Ptéridophytes et Spermatophytes) : raretés, protections, menaces et statuts. Version n°4d-novembre 2012. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul Société Linnéenne Nord-Picardie, mémoire n.s. n°4, 132 p. Amiens
Indigénat et diversité de la flore régionale Picarde
La Picardie compte 2 083 plantes sauvages dont 1 433 espèces indigènes.
Si l’on ne considère que les plantes dont le statut d’indigénat principal est indigène, naturalisé, subspontané et adventice, le taux d’indigénat de la flore régionale est de 80,6 %. Par comparaison avec des territoires présentant quelques similitudes avec la Picardie, il est de 83 % en Seine-et-Marne et de 88 % en Bourgogne. Le taux d’espèces naturalisées (eury– et sténonaturalisées) est de 7,8 % en Picardie ; en Bourgogne, il n’est que de 6 % contre 10 % en Seine-et-Marne.
Le niveau d’indigénat de la flore d’un territoire est directement lié à l’artificialisation de celui-ci. Cette analyse montre que la Picardie présente une flore qui s’est enrichie d’espèces exogènes provenant majoritairement de l’augmentation des échanges volontaires de plantes (cultures, jardins...) ou involontaires (transport par les trains, les camions...). Les milieux urbains, les friches industrielles, les voies de communication et les cultures sont les principaux lieux d’implantation de ces plantes.
Il n’en reste pas moins que le territoire picard abrite une flore indigène relativement diversifiée dans le contexte de plaine de l’ouest de l’Europe qu’elle occupe. Ceci est principalement dû à la diversité de son substrat et aux variations climatiques en fonction des différents territoires. A titre de comparaison, le Nord-Pas de Calais abrite 1 248 espèces indigènes (y compris les plantes disparues), la Haute-Normandie 1 325, l’Ile-de-France 1 274 et la Bourgogne 1 572.
Source : HAUGUEL, J.-C. & TOUSSAINT, B. (coord.), 2012. – Inventaire de la flore vasculaire de la Picardie (Ptéridophytes et Spermatophytes) : raretés, protections, menaces et statuts. Version n°4d-novembre 2012. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul Société Linnéenne Nord-Picardie, mémoire n.s. n°4, 132 p. Amiens
Rareté et raréfaction de la flore régionale Picarde
L’analyse du spectre des raretés, pour les plantes indigènes (plantes naturalisées et autres exclues), montre que 42 % des espèces ont des populations présentes sur moins de 3,5 % de la superficie du territoire picard (plantes « rares » à « exceptionnelles »), les plantes « exceptionnelles », c’est-à-dire localisées en moins de 6 localités (soit 0,5 % du territoire) à l’échelle régionale représentent à elles seules 15 % de l’ensemble.
Parmi les 1 433 plantes indigènes, 184 espèces n’ont pas été revues après 1990 (taux de disparition d’environ 13 % depuis les premières données botaniques, soit 1830 environ). Le taux de disparition sur la période historique est d’environ une plante indigène par an.
La situation à l’échelle départementale est plus alarmante puisque, sous réserve d’observations récentes non prises en compte dans le présent bilan, et en ayant à l’esprit la limite due à l’hétérogénéité de la pression d’observation, les taux de disparition sont les suivants : 18,4 % dans l’Aisne, 22,8 % dans l’Oise et 15,9 % dans la Somme.
Le taux élevé du département de l’Oise est probablement lié au fait que le nombre de données récentes pour ce département est nettement inférieur à celui des deux autres départements du fait des travaux récents d’inventaire conduits dans l’Aisne et la Somme et qui ont permis de confirmer la présence actuelle de nombreuses espèces dans ces départements. Ce biais devrait être attenué dans les années à venir avec la mise en œuvre de l’inventaire communal dans l’Oise dès 2011.
Si pour certaines espèces comme l’Oyat (Ammophila arenaria), la rareté se justifie par la rareté du biotope alors que la plante est très fréquente dans celui-ci, il n’en est pas de même pour de nombreuses autres espèces dont les populations sont parfois de très faible taille.
Par ailleurs, le fait qu’une plante soit relativement commune en Picardie ne signifie pas que sa préservation soit assurée à long terme.
Source : HAUGUEL, J.-C. & TOUSSAINT, B. (coord.), 2012. – Inventaire de la flore vasculaire de la Picardie (Ptéridophytes et Spermatophytes) : raretés, protections, menaces et statuts. Version n°4d-novembre 2012. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul Société Linnéenne Nord-Picardie, mémoire n.s. n°4, 132 p. Amiens
Les espèces exotiques envahissantes en Picardie
Le travail récent conduit sur les critères définissant les espèces considérées comme exotiques envahissantes permet de mieux appréhender l’ampleur des menaces qui pèsent sur la flore indigène et sur les biotopes de Picardie.
Ainsi, 39 espèces sont considérées comme exotiques envahissantes avérées, c’est-à-dire qu’elles causent des dommages écologiques, économiques ou sanitaires dans la région. Par ailleurs, 19 espèces sont suspectées de pouvoir développer un tel comportement et sont donc considérées comme exotiques envahissantes potentielles. 27 autres espèces sont placées sous surveillance.
Source : HAUGUEL, J.-C. & TOUSSAINT, B. (coord.), 2012. – Inventaire de la flore vasculaire de la Picardie (Ptéridophytes et Spermatophytes) : raretés, protections, menaces et statuts. Version n°4d-novembre 2012. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul Société Linnéenne Nord-Picardie, mémoire n.s. n°4, 132 p. Amiens
La richesse floristique de la Haute-Normandie
L’étude a porté sur 2 904 taxons cités au moins une fois sur le territoire haut-normand. Parmi eux, 2 358 taxons font partie de la flore dite "sauvage". Les taxons non retenus concernent : 160 taxons cités (ou présumés) cités par erreur, 261 taxons dont la présence est hypothétique dans la région et 125 taxons exclusivement cultivés dans la région.
Ces 2 358 taxons portent sur plusieurs rangs taxonomiques (sections, espèces, sous-espèces, variétés, formes) et sur les hybrides connus. Cependant la majorité des analyses à suivre ont été réalisées uniquement à partir de la liste des taxons de rang spécifique. Il s’agit d’une vision tronquée de la diversité floristique locale, mais l’ "espèce" est l’unité taxonomique de base la plus communément retenue et utilisée aux niveaux locaux, nationaux et internationaux. Elle limite les risques de confusion et permet de ce fait des analyses et des comparaisons entre liste de territoires différents. À ce jour, la flore sauvage régionale compte 1 815 espèces et 5 sections de Taraxacum, de toute période et de tout indigénat confondus.
Le nombre d’espèces régionales a été estimé a minima, en effet certaines espèces de genres complexes, présentant des difficultés de détermination importantes n’ont pas été retenues (ex : les genres Rubus et Taraxacum). En ce qui concerne le genre Taraxacum, cinq sections, bien identifiées dans le Catalogue floristique de Haute-Normandie (2012), et renseignées en termes de statuts de présence, d’indigénat, de rareté et d’affinité phytosociologique seront cependant comptabilisées dans les analyses à suivre, au même titre que les espèces. Ce qui porte à 1 820 espèces ou assimilées comme telles le lot de données exploitées par la suite.
Au sein de cette flore, 240 espèces n’ont pas été revues depuis 1990. Elles sont considérées comme disparues (D) du territoire régionale. En l’absence de certitude les espèces "présumées disparues" (D ?) n’ont pas été comptabilisées comme disparues de la région, leur disparition restant encore à confirmer. La flore sauvage actuelle de Haute-Normandie est donc estimée à 1 580 espèces (ou assimilées comme telles).
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
Les statuts d’indigénat de la flore de Haute-Normandie
La répartition des 1 580 espèces de la flore sauvage actuelle de la région en fonction de leurs statuts d’indigénat est présentée sur la figure suivante :
La Haute-Normandie compte aujourd’hui 1 202 espèces indigènes. Il s’agit de plantes faisant partie du cortège dit "originel" de la flore du territoire, dans la période bioclimatique actuelle. Par convention, ce sont les plantes dont la présence est attestée, ou présumée comme telle, avant 1 500. Cette période marque le début des grands flux intercontinentaux des espèces, et notamment l’introduction d’espèces en provenance des continents nord et sud-américains. Les espèces dites "archéophytes", concernant les plantes compagnes des moissons, et autres plantes eurasiatiques ayant suivi les flux migratoires humains (de façon bien antérieure à la découverte de l’Amérique), font également partie de cette catégorie. De même, des plantes dont l’aire d’indigénat est incertaine mais qui étaient déjà largement répandues à la fin du XIXe siècle sont par défaut considérées comme indigènes. Signalons que le caractère indigène de 23 espèces (dites cryptogènes) reste à confir-mer (noté I ?).
Avec 1 202 espèces indigènes, la Haute-Normandie compte 27 % de la flore indigène présente en France, qui en compte environ 4 400 (d’après l’INPN, 2012). Il ne s’agit pas d’un chiffre très élevé, surtout s’il est comparé à celui de régions plus méridionales, mais il est conforme à la moyenne des régions de plaine du nord de la France où les contextes écologiques et humain sont assez similaires (1 138 en Nord-Pas de Calais, 1 249 en Picardie, 1 274 en Île-de-France (d’après l’Observatoire régional de la biodiversité du Nord-Pas de Calais 2012, l’Inventaire de la flore vasculaire de la Picardie 2012 et le Catalogue de la flore d’ Île-de-France 2011). Cette inégalité de richesse floristique entre les régions méditerranéennes ou alpines du sud de la France, et celles du nord de la France (et plus largement les pays du nord de l’Europe), est le reflet de l’histoire du climat sur ces régions où pendant les glaciations du Quaternaire une grande partie de la flore a été éliminée des cortèges.
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
Les niveaux de rareté de la flore de Haute-Normandie
Les 1 202 espèces indigènes de la flore actuelle se répartissent sur 8 classes de rareté: E exceptionnel, RR très rare, R rare, AR assez rare, PC peu commun, AC assez commun, C commun, CC très commun. À ces huit classes, une neuvième a été ajoutée pour les analyses : celle des "présumées disparues" (D ?) ; espèces pour lesquelles un doute subsiste quant à leur disparition effective, celle-ci restant à confirmer sur le terrain.
Les espèces que l’on peut considérer comme rares répondent aux niveaux de rareté AR, R, RR, E, et D ?. 637 espèces sont considérées comme rares. Elles occupent moins de 8 % des mailles, mais représentent plus de 50 % de la flore régionale. Si l’on considère les espèces les plus rares (E et D ?), elles comptent 16 % des espèces, chacune présente sur moins de 0,5 % des mailles. Ces taux de rareté sont très élevés.
Les espèces communes (CC et C) comptent 289 espèces et sont chacune présentes dans plus de 31 % des mailles. Les espèces plus communes sont moins nombreuses que les espèces rares. Elles profitent majoritairement de la banalisation et de l’eutrophisation des milieux, il s’agit d’espèces compétitrices de milieux peu diversifiés, elles ne peuvent donc être nombreuses. Au contraire, les espèces les plus rares sont souvent celles qui sont spécialisées à un seul type d’habitat (où la concurrence est moins prégnante), et la diversité des habitats engendre le nombre élevé des espèces rares et spécialisées. C’est pourquoi la diversité de la flore d’un territoire, et plus particulièrement la diversité des espèces les plus rares, est un bon indicateur de la diversité des milieux et de leur état de conservation sur un territoire. Cependant, les taux de rareté de la flore d’un territoire ne peuvent s’analyser que de façon dynamique, et selon leur évolution dans le temps.
La Haute-Normandie compte 202 espèces exceptionnelles ou présumées disparues, elles sont listées dans le tableau de la figure 45, reportée en fin de chapitre. Compte tenu de leur très faible nombre de stations et de leur développement sur des niches écologiques, il s’agit des espèces les plus sensibles du territoire. Il semble d’ailleurs prioritaire de pouvoir confirmer ou infirmer la présence des espèces présumées disparues par des prospections de terrain ciblées. 191 des espèces exceptionnelles sont menacées d’extinction, dont 110 à très court terme (critère de menace correspondant à CR et CR*, se reporter également au paragraphe suivant sur la flore menacée). Seules 33 bénéficient d’un statut de protection (régional, national ou européen).
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
La flore menacée de Haute-Normandie
Les 1 202 espèces indigènes de la flore actuelle se répartissent sur 13 catégories de menaces (voir la définition en page 96), définies d’après les critères de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) : CR* présumé disparu, CR en danger critique, EN en danger, VU vulnérable, NT quasi menacé, LC préoccupation mineure, DD insuffisamment documenté, NA non applicable.
Les espèces répondant aux 4 critères de menaces suivants CR*, CR, EN, VU constituent la liste régionale des espèces menacées. Sur cette base, l’analyse du risque d’extinction des 1 202 espèces montre que 348 espèces sont menacées (soit 30 % de la flore), dont 122 à très court terme (CR* et CR), soit 10 %. Il s’agit de taux très élevés, d’autant plus que 169 espèces sont également considérées comme à surveiller (NT) et pourraient devenir menacées dans un proche avenir.
Les 122 espèces les plus menacées (CR* et CR) nécessitent des attentions particulières à la fois de suivi et de protection. La liste de ces espèces est reportée sur le tableau de la figure 45 en fin de chapitre. Actuellement, seules 24 font l’objet d’un statut de protection, ce qui est très largement insuffisant. Par ailleurs, ces taxons gravement menacés sont composés à 90 % d’espèces les plus rares (coefficient de rareté E, E ? et D ?) et 10 % d’espèces très rares (RR).
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
La flore disparue de Haute-Normandie
La flore indigène de Haute-Normandie compte aujourd’hui 118 espèces considérées comme disparues, soit 9 % de la flore indigène totale (estimée à 1 320 espèces : 1 202 espèces présentes et 118 espèces disparues).
Le nombre d’espèces disparues est estimé a minima, et ne tient pas compte des espèces "présumées disparues" dont l’extinction est plausible, mais reste à confirmer sur le terrain. Dans l’attente, ces espèces (D ?), au nombre de 22, sont donc maintenues dans le cortège des espèces indigènes considérées comme actuellement présentes sur le territoire.
Les plus anciens ouvrages de référence sur lesquels le CBN de Bailleul s’est appuyé pour établir une liste d’espèces régionales datent du début du XIXe siècle (Flore des environs de Rouen, LE TURQUIER DE LONGCHAMP (1816), Flore de Normandie, DE BRÉBISSON (1836)). La disparition des 118 espèces s’est donc étalée sur les deux derniers siècles. Il s’agit d’un taux de disparition très élevé. Il n’est malheureusement pas original dans le contexte du nord de la France et s’inscrit dans la moyenne des régions voisines (Nord-Pas de Calais 9 %, Picardie 13 %, Île-de-France 7 %). Ce rythme de disparition est très largement supérieur au rythme naturel estimé sur les temps géologiques et s’inscrit dans le contexte actuel de crise majeure d’érosion de la biodiversité. Les scientifiques estiment que le rythme d’extinction des espèces (faune et flore confondues) est aujourd’hui 100 à 1000 fois supérieur au rythme "naturel". La flore de Haute-Normandie n’échappe pas à cette tendance mondiale.
Sur les 118 espèces indigènes disparues, 17 (soit 14 %) ont un ou plusieurs statuts de protection réglementaire au niveau régional, national ou européen.
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
La flore protégée de Haute-Normandie
La flore actuelle de Haute-Normandie compte 82 espèces protégées (dont 64 protégées uniquement au niveau régional, 13 uniquement au niveau national, 4 au niveau national et au titre de l’annexe II de la Directive "Habitats-Faune-Flore" et 1 aux niveaux national, régional et au titre de l’annexe II de la Directive "Habitats-Faune-Flore"). Parmi les espèces disparues, 18 étaient protégées, 1 au niveau régional et 17 au niveau national.
Les 82 espèces protégées concernent essentiellement des espèces dites rares (coefficients de rareté E, RR, R et AR) qui représentent 98 % du total ; seules deux espèces sont peu communes (Ophrys fuciflora et Epipactis atrorubens). Sur les 637 espèces rares que compte la flore haut-normande, 12 % font l’objet d’un statut de protection.
De même, en ce qui concerne les critères de menaces, 61 espèces protégées sont menacées (coefficients de menace correspondants à : CR, EN, VU), soit 74 %. Sur les 348 espèces menacées en Haute-Normandie seuls 17 % bénéficient d’un statut de protection. (Les deux espèces exogènes protégées sont affectées du coefficient de rareté NA (non applicable)).
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
Les espèces exotiques envahissantes en Haute-Normandie
Si le phénomène est bien identifié et reconnu, il n’existe pas encore de méthodologie unifiée pour répertorier les plantes exotiques envahissantes, que ce soit au niveau national ou européen. en attente des textes réglementaires à venir très prochainement, la sélection des plantes exotiques envahissantes pour la région Haute-Normandie est donc essentiellement basée sur la synthèse nationale de s. Müller (2004), complétée par quelques cas régionaux avérés ou pressentis, non traités au niveau national. en fonction du caractère envahissant de la plante, deux niveaux sont identifiés :
- les plantes exotiques envahissantes avérées (notées A) : plantes adaptées aux conditions locales et en extension dans la région, ayant un impact avéré sur les habitats naturels et les espèces d’intérêt patrimonial de la région, ou sur la santé, l’économie et les activités de loisir ;
- les plantes exotiques envahissantes potentielles (notées P) : plantes adaptées très localement dans la région (ou uniquement présentes à l’état cultivé), qui ne sont pas en extension forte, mais qui pourraient le devenir compte tenu des observations faites dans les régions proches, plantes à surveiller tout particulièrement pour limiter leur expansion.
Sur la base de cette définition, la Haute-Normandie compte aujourd’hui 58 plantes exotiques envahissantes, dont 29 envahissantes avérées et 29 envahissantes potentielles. 56 de ces espèces sont issues du cortège des espèces exogènes de la région (qui compte 378 espèces), soit 15 % et 2 espèces potentiellement envahissantes ne sont pour l’instant présentes en Haute-Normandie qu’à l’état "cultivé".
Il est à noter que cette synthèse sur les espèces exotiques envahissantes est effectuée au rang taxonomique de l’espèce, mais deux infrataxons présents sur la région sont également à prendre en compte sur le terrain : Fallopia ×bohemica l’hybride entre Fallopia japonica et Fallopia sachalinensis (taxon envahissant avéré) et Euphorbia ×pseudovirgata (taxon envahissant potentiel).
En absence de méthode unifiée pour sélectionner les plantes exotiques envahissantes d’un territoire, il est difficile de comparer précisément les résultats de Haute-Normandie avec d’autres contextes géographiques. Cependant, quelques chiffres sont connus et peuvent être mis en perspective avec les taux de Haute-Normandie. sur le territoire de l’union européenne, qui compte 12 000 espèces végétales exotiques, 10 à 15 % d’entre elles sont considérées comme envahissantes. en France, le taux estimé est de 7 à 10 % (taux variant selon les sources et les méthodes de calcul). en région Nord-Pas de Calais où les méthodes de calcul et le contexte humain sont similaires à ceux de Haute-Normandie, le taux est de 11 %. Avec un taux de 15 %, en nombre d’espèces présentes, la Haute-Normandie se situe dans les moyennes très élevées par rapport au reste du territoire européen et par rapport à la moyenne théorique de 10 %. le contexte haut-normand est particulièrement propice à l’installation des EEE. il s’agit d’une pression et d’une menace supplémentaires qui s’exercent sur la flore de Haute-Normandie. Si le taux paraît très élevé en Haute-Normandie, il reste à nuancer, car à ce stade il est composé pour moitié d’espèces potentiellement envahissantes, encore très peu fréquentes sur le territoire. Le niveau de rareté et le degré de naturalisation de ces espèces sont par nature changeants, il est nécessaire de les réévaluer régulièrement en tenant compte des comportements observés sur le terrain. il est pratiquement impossible de connaître par avance le caractère envahissant d’une espèce exotique. Une espèce introduite connaît souvent une longue phase de latence avant de se révéler envahissante et d’être insérée à la liste. Pour exemple, le séneçon du cap est arrivé en France avec des déchets de laine de l’industrie textile en provenance d’Afrique du sud dans les années 1930, et il est noté envahissant depuis une quinzaine d’années. À l’inverse, certaines espèces retenues comme envahissantes dans la précédente liste des espèces de Haute-Normandie (2005) ont finalement été exclues de la liste actuelle, car ne présentant a priori pas d’impact significatif sur l’environnement après plusieurs années d’implantation (ex. : Berteroa incana, Bunias orientalis...). la liste des plantes exotiques envahissantes de la région est par nature amenée à évoluer régulièrement, du fait de l’arrivée de nouvelles espèces ou de la non progression d’espèces potentiellement envahissantes.
Source : BUCHET J., HOUSSET P., JOLY M., DOUVILLE C., LEVY W., DARDILLAC A. 2015 - Atlas de la flore sauvage de Haute-Normandie. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 696 p. Bailleul.
Nombre d’espèces de plantes pour le Nord-Pas de Calais en 2013
On dénombre un peu moins de 2 100 espèces dont 1 138 sont dites « indigènes » c’est-à-dire natives de la région (pour environ 4 900 espèces de plantes indigènes recensées en France métropolitaine). Là encore, des espèces autrefois communes comme la Grande marguerite ou le Bleuet, se font aujourd’hui beaucoup plus rares. Ce constat concerne de nombreuses espèces de plantes puisque seulement la moitié ne présentent aucune préoccupation quant à leur devenir.
Source : Observatoire de la biodiversité du Nord - Pas-de-Calais, 2015. Comment se porte la nature dans le Nord - Pas-de-Calais ? ORB Bailleul. 8 p.
Nombre d’espèces rares dans le Nord-Pas de Calais en 2013
Source : Observatoire de la biodiversité du Nord - Pas-de-Calais, 2015. Comment se porte la nature dans le Nord - Pas-de-Calais ? ORB Bailleul. 8 p.
Statuts de menace des plantes du Nord - Pas-de-Calais en 2013
Source : Observatoire de la biodiversité du Nord - Pas-de-Calais, 2015. Comment se porte la nature dans le Nord - Pas-de-Calais ? ORB Bailleul. 8 p.
Statuts de menace des associations végétales du Nord - Pas-de-Calais en 2013
Deux tiers des végétations régionales répertoriées sont protégés au niveau européen et certains habitats sont très peu représentés, voire uniques en France comme les landes et les bas-marais dunaires du pré communal d’Ambleteuse ou encore les pelouses calcicoles littorales du cap Blanc-Nez ou de Dannes-Camiers. Toutefois, il existe un déficit de connaissances pour près du quart des habitats régionaux qui ne sont pas suffisamment étudiés
Source : Observatoire de la biodiversité du Nord - Pas-de-Calais, 2015. Comment se porte la nature dans le Nord - Pas-de-Calais ? ORB Bailleul. 8 p.
Nombre de données dans Digitale.
Pour produire, gérer ou diffuser ces indicateurs, les scientifiques du CBN de Bailleul utilisent le système d’information sur la flore et la végétation sauvage du Nord-Ouest de la France, DIGITALE. Il contient 4 518 566 données fin 2017.
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