L’équipe de conservation ex situ vous partage quelques secrets de la germination des graines - épisode 1
le 28 nov 2025
Un tégument imperméable
La banque de semences du CBN de Bailleul renferme plus de 44 millions de graines issues de 590 taxons et joue un rôle essentiel dans la conservation ex situ des plantes menacées du nord de la France.
Chaque nouvelle récolte fait l’objet de tests de viabilité afin d’évaluer la qualité des graines et de mieux comprendre les mécanismes de germination propres à chaque espèce.
Certaines graines possèdent une enveloppe protectrice imperméable qui empêche l’embryon de germer. Dans la nature, ce tégument se détériore peu à peu sous l’effet des intempéries, des mouvements du sol ou sous l’action des micro-organismes, permettant ainsi à l’eau de pénétrer et de déclencher la germination lorsque les conditions deviennent favorables.
En laboratoire, cette dégradation naturelle est reproduite grâce à la scarification, une technique qui vise à fragiliser l’enveloppe des graines. Deux méthodes sont utilisées : la première consiste à frotter délicatement les graines sur du papier abrasif pour altérer le tégument ; la seconde requiert l’usage d’un scalpel sous loupe binoculaire pour pratiquer une petite ouverture dans l’enveloppe. Ce travail de précision donne des résultats rapides : placées dans un milieu humide, en boîte de Pétri puis en chambre de culture, les graines absorbent l’eau et germent en quelques jours.
Des espèces telles que le Plantain d’eau à feuilles de graminées (Alisma gramineum), la Silène de France (Silene gallica) ou encore l’Hélianthème tâché (Tuberaria guttata) ont besoin de la dégradation de leur tégument pour germer, dans la nature ou en laboratoire.
Photo : graines de Silene gallica par Marie Malo