Les mousses à l’honneur : à consommer sans modération

le 06 déc 2016
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Cinq « mousses » dans le viseur

Les bryophytes au sens large (mousses et hépatiques) sont des végétaux chlorophylliens de petite taille, qui attirent généralement l’attention du quidam lorsqu’elles colonisent les toitures et autres murets, pour être indélicatement qualifiées de nuisibles.

Cette année, l’antenne de Rouen s’est mobilisée pour éclairer des lumières de la connaissance ce peuple du minuscule qui ne manque pas de beauté, ni de poésie.

Ainsi, nous nous étions fixé comme objectif d’actualiser les connaissances sur la présence et la répartition régionale des cinq espèces protégées sur le territoire de Haute-Normandie (Bazzania trilobata, Barbilophozia attenuata, Dicranum polysetum, Hookeria lucens, Nowellia curvifolia).

Les observations enregistrées dans notre base de données Digitale2, réparties sur une vingtaine de sites, étaient en effet pour la plupart anciennes (début des années 1990) et nécessitaient une nouvelle visite.

Résultats des prospections : les cinq espèces protégées ont toutes été retrouvées dans la région et leurs stations ont fait l’objet de pointages précis. Malheureusement, moins de la moitié des stations signalées dans les années 1990 n’ont pu être retrouvées.

Cette recherche des espèces protégées fut également l’occasion de réaliser des inventaires bryologiques complets. Ce sont plus de 350 données bryologiques, réparties en 90 taxons, qui ont été produites.

Parmi les espèces les plus remarquables, on peut noter Cephalozia lunulifolia, considérée comme disparue, rencontré dans les bois, et caractéristique des bûches et souches pourrissantes ainsi que Dichodontium pellucidum, espèce nouvelle pour le territoire de Haute-Normandie, rencontrée sur les roches asséchées d’une ravine.

Ce premier travail n’est qu’une introduction car la bryologie du territoire haut-normand compte près de 495 taxons connus, dont les statuts de rareté et donc de menace restent pour beaucoup non évalués.

Les bryologues haut-normands peuvent encore s’adonner sans modération à leurs « mousses » favorites pendant de longues années.

Nous remercions, le collectif des bryologues du Nord-Ouest de la France, qui nous ont fait part de leurs observations récentes, et particulièrement François Bonte, qui nous a fait le plaisir de nous accompagner sur le terrain.

photo : Bazzania trilobata, auteur J. Buchet