Le Suivi de populations de plantes

Outre l'inventaire, qui permet une connaissance des populations d'espèce à un moment précis, la compréhension et la maîtrise de l'évolution des plantes et de leur habitat implique un suivi régulier.
L'objectif est ici de relever puis comprendre l'évolution quantitative et qualitative des espèces, afin de pouvoir ensuite agir pour leur préservation ou leur gestion.
Principal défi : s'assurer que les indicateurs utilisés pour ce suivi soient pertinents et que les méthodes employées à chaque observation soient bien identiques ou compatibles.
Davantage qu'une information globale sur un territoire, suivre les effectifs de populations de plantes permet surtout d'évaluer des programmes de gestion, de renforcement ou de réimplantation d'espèces rares ou menacées.
Si les suivis sont jusqu'alors majoritairement guidés par des opérations spécifiques, le CBNBl souhaite désormais affiner la définition des protocoles d'observation et de suivi, ainsi que les sites et types de milieux concernés.
Objectif : qualifier les informations recueillies afin de permettre un suivi plus fin et explicite.
En effet, compter n'est pas aussi simple qu'il y paraît...
Premier élément à définir : qu'est-ce que l'on compte ?
Selon les espèces, l'unité de comptage (ou "individu morphologique") diffère : les pieds pour les plantes annuelles, les tiges (toutes ou uniquement les tiges florifères) pour les plantes vivaces, etc. Pour permettre un suivi cohérent sur une période, il est donc nécessaire de toujours appliquer les mêmes critères d'observation.
La Fritillaire et son tachéomètre
Le suivi le plus fin et régulier mené par le CBNBl concerne la fritillaire, une sorte de tulipe à fleur pendante.
Suite au constat de menace de disparition pesant sur cette espèce qu ne comptait plus à l'époque que quelques pieds, une convention a été signée avec la commune, qui permet de préserver cette espèce pour laquelle un suivi a été enclenché en 2000.
Un outil de géomètre, le tachéomètre, est ici utilisé pour localiser un à un les pieds observés sur le terrain. Deux personnes y consacrent chaque année deux demi-journées.
Sur la parcelle communale conventionnée, la suppression d'utilisation d'engrais, combinée à une fauche retardée, a permis de regonfler cette population.
A côté, sur les parcelles privées, aucune gestion spécifique n'a été entreprise et la population est désormais au bord de l'extinction.
Second élément de méthode important : comment on compte ?
Si l'on a pu délimiter une surface sur laquelle est présente l'espèce, compte-t-on tous les individus présents ou juste un échantillon moyen que l'on extrapolera ? Selon la méthode choisie, le niveau de précision de l'inventaire sera variable et l'évaluation du suivi également.
Et là encore, selon ce que l'on souhaite observer, des méthodes différentes s'avèreront davantage pertinentes.
Pour les suivis globaux de végétations, davantage que pour les suivis d'espèces, le suivi par quadrat permanent consiste par exemple à délimiter précisément une surface à l'aide de piquets métalliques enterrés. L'intérêt : on observe toujours la même zone et les relevés d'espèces permettent un suivi très précis.
Cette méthode permet notamment la mesure d'impact du pâturage sur la végétation, ou pour le suivi de la dynamique des fourrés d'argousiers en milieu dunaire.
Le protocole utilisé lors de chaque observation doit donc être précisé et sauvegardé afin de produire des données comparables, garantes d'un suivi des populations réellement explicite et fiable.
La prise en compte du contexte (l'évolution du site, les autres populations ou espèces environnantes, etc) et de l'habitat s'avèrent également utiles lorsque l'on souhaite engager des actions de gestion afin d'agir sur l'évolution des populations observées.