Zoom sur un lichen : Evernia prunastri

le 07 oct 2019
Evernia prunastri

Remettons les pendules à l’heure…

Appelé à tort « mousse du chêne », Evernia prunastri n’en est pas une ! C’est un lichen, organisme complexe formé grâce à l’association entre champignons, algues ou cyanobactéries. Il est le plus commun des lichens fruticuleux (= en forme de buisson) de France et est relativement facile à reconnaitre car il est le seul à posséder des lanières bicolores dont la face supérieure est verdâtre et la face inférieure est blanche.

Malgré ce que pourrait laisser penser son nom vernaculaire, ce lichen ne pousse pas exclusivement sur l’écorce des chênes. On le trouve régulièrement sur d’autres espèces de feuillus comme le Frêne commun et certains Prunus, mais aussi parfois sur des résineux comme les Pins. Il se développe de manière exceptionnelle directement sur le sol schisteux et sec de certains terrils du Nord et du Pas-de-Calais.

Un lichen, de nombreux usages

L’usage des lichens par l’Homme est mal connu du grand public. Pourtant, la « mousse du chêne » fait peut-être partie de votre quotidien. En effet, on en extrait un absolu aux notes boisées, humides, presque fumées très convoité par de grandes maisons de parfumerie comme Dior et son « Eau sauvage », Cerruti et son parfum « 1881 pour Homme », Rochas et sa célèbre « Eau » mais aussi Hermès, Guerlain, etc.

Evernia prunastri est également utilisé pour réaliser des teintures naturelles. Fermenté dans l’ammoniaque, il permet de teindre des textiles dans des tonalités allant du rose au violet. En Egypte, on l’utilisait autrefois pour faire lever le pain.

Enfin, en association avec d’autres espèces de lichens, il est utilisé comme bio-indicateur. D’après le protocole de C. Van Haluwyn et M. Lerond, la « mousse du chêne » serait sensible aux trop fortes concentrations de dioxydes de soufre et d’azote rejetées dans l’atmosphère par la combustion d’énergies fossiles (entre autres). Ainsi, sa présence indiquerait une assez bonne qualité de l’air.

À bas les préjugés !

Les lichens ne sont pas des parasites, l’écorce des arbres leur sert simplement de support de vie. Leur présence n’a aucun impact sur la vitalité de la plupart des espèces. Ils peuvent éventuellement, lorsqu’ils sont présents en très grande quantité sur le tronc de certains arbres fruitiers fragiles comme les abricotiers, les pêchers, et quelques variétés de cerisiers, maintenir une certaine humidité au niveau de l’écorce, favorisant ainsi l’installation de champignons pathogènes. Quelques espèces d’insectes y élisent domicile, ravageurs comme compagnons des cultures. En règle générale un équilibre se crée et l’arbre n’est pas impacté. Pas la peine de les éliminer !


Rédaction : M. Cocquempot

Photo B. Toussaint